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Voyage en Haute Provence, Celle de Giono

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10 octobre 2022
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Par la grâce de son TGV, la SNCF a doté la Provence de deux portes d’accès principales, Avignon et Aix-en-Provence. Les deux gares ont en commun d’offrir une architecture ferroviaire minimaliste qui accompagne le rail et dissuade le voyageur de s’y attarder. Texte et photos Michèle Lasseur

Direction Aix-en-Provence. La ville ocre vivait au rythme de Paul Cézanne. Il a entoilé la Sainte-Victoire. Déambuler sur le cours Mirabeau depuis la place de la rotonde et sa fontaine constitue une obligation imposée par tous les guides de tourisme.Les hôtels particuliers, témoignent d’une l’opulence révolue, celle de l’ancienne capitale bourgeoise de la Provence.

En été, des musiques réveillent la pierre à la nuit. Sautant les murs de l’Archevêché, les arias de Mozart se déversent dans les rues encore chaudes au hasard des brises nocturnes et le temps d’un festival. Double-croches et fleurs de tilleul infusent l’air.

Après Aix, voici Moustier, gardienne des gorges du Verdon, ville libre sans autre protecteur que Dieu. Elle fut et reste réputée pour sa faïence. « Adossé à une barre rocheuse, le village prétend l’escalader depuis des siècles.

Depuis Moustier une route qui met les cyclistes à l’épreuve conduit au Plateau de Valensole, après avoir longé le lac de Sainte-Croix où s’accumulent les eaux vertes du Verdon. En mai, une ligne rouge sang de coquelicots accompagne le goudron et ploie sous la bise. En juin, la terre est rayée de plants de lavande qui filent droit, au cordeau, puis disparaissent derrière les replis de la terre, les blés verts percent déjà les galets des anciens glaciers, les amandiers ont commencé à défleurir.

©M. Lasseur_Valensole

La Haute Provence, celle qui a oublié la mer et s’appelait autrefois Basses Alpes, loin des pays civilisés de Pagnol ou de Cézanne, est un lieu extrême. Ce plateau est l’un des plus grands d’Europe et le regard se perd à chercher les limites de cette extravagance de la Nature.

Les seuls compagnons de l’homme sont l’amandier et l’olivier, depuis que les ânes ont disparu et que les moutons transhument en camion. Sauf peut-être dès juin, quand les passants de l’été reviennent humer et photographier le miracle des champs de lavandin fleuri. Juchés sur de grosses machines, les paysans ont appris la mécanique et oublié le provençal de leurs grands-parents ; ils rabotent les plants, les fleurs s’entassent dans des containers violets.

Entre les espaces violet cardinal en carême, ondulent des lacs de blé dur dorés, mares d’avoine ou flaques d’épeautre, céréales rustiques resurgis du Moyen-Âge.

Départ en 2 Chevaux avec Damien sur la route de la lavande pour découvrir le Domaine des Grandes Marges. Visage sculpté au burin par le vent du plateau, le soleil et les longues journées de travail, le corps issu de la terre à la façon d’un amandier, Alex parle peu. Il laisse la parole à sa mère, Françoise Jaubert. Tous d’eux semblent s’être échappés du monde de Giono.

Ils sont producteurs-récoltants. Leur credo ? l’agriculture biologique. La petite entreprise Terraroma Jaubert se fait remarquer par la qualité de ses produits : miel, amandes bio, huile essentielle de lavande et lavandin, immortelle issues de l’Agriculture Biologique, farine de blé tendre… Vente directe de leurs produits 100 % naturels.

En juillet, le plateau bruisse d’abeilles affairées dans les lavandes, les apiculteurs récoltent le miel et déplacent leurs ruches dès la coupe des fleurs. Transhumance nocturne, on charge les ruches sur un camion depuis les rangs de lavandin rasés de frais, et on emporte les abeilles endormies dans les Alpes, pour un nouveau miel à la poursuite des pollens de montagne. www.lesgrandesmarges.com

www.ohmydeuche.com

Protégé du Mistral, le village de Valensole, peu visible depuis le plateau, étage ses constructions mitoyennes et les enroule autour de l’église Saint-Blaise, à laquelle Giono prêtait… « un air espagnol ».  Les Valensolais tirent fierté de deux naissances indigènes : pour le goupillon, Saint Mayeul qui fut abbé de Cluny au 10eme siècle et pour le sabre, l’amiral de Villeneuve. Ce dernier dirigeait la flotte napoléonienne lors du désastre de Trafalgar et ne s’en consola qu’avec son suicide.

©M. Lasseur_Valensole

Dans la zone industrielle, l’usine moderne de l’Occitane accueille les touristes qui brûlent de s’instruire en vacances. En sus du miel, quantité de produits de la terre de Provence sont avalées par L’Occitane : verveine, cade, Immortelle, romarin, amandes…

Parmi tous les ingrédients locaux, la lavande a gardé son statut de reine. La sauvage, dont on ne distille que la fleur qui ne pousse qu’en altitude au-dessus de 800 mètres.

C’est à la Montagne de Lure, là-bas après Banon, le village qui a inventé son propre fromage de chèvre, enveloppé d’une feuille de châtaigner, c’est à ce mont revêche qu’a échu l’honneur de fournir trois tonnes d’essence extraite de la fleur virgilienne dont les vertus thérapeutiques multiples peuvent rivaliser avec l’aspirine, explique la guide…

Dans l’accord de la flore et du divin, allons voir les Nymphes de Gréoux. Les eaux viennent des profondeurs (1.200 mètres) et leur température est de 42°C. A la mode dans l’antiquité, elles furent redécouvertes par les Templiers. Ils établirent leur château à portée de l’eau chaude. La princesse Pauline Borghèse vint couronner leur réputation en 1807 et en 1813. Un hôtel provençal 4 étoiles a pris le nom de Villa Borghèse et porte haut la réputation de Gréoux avec son centre de remise en forme « Mer et Nature – Massages du Monde ». Son restaurant « La table de Pauline » a obtenu une toque Gault et Millau. Giono écrivait en 1950 : « Cet endroit béni guérit le rhumatisme avec les vieux remèdes des eaux plus anciennes que le monde… Elle fait du bien aux os, à la peau et au mental. » www.hotel-villaborghese.com

©T.VERGOZ_Vieux Gréoux

Manosque

15 km séparent Gréoux de Manosque. Voici une route ou une rue, on ne sait exactement, une artère étroite où les voitures tentent d’approcher hyper-commerces et grappes de négoces, lesquels sur un kilomètre ponctué de ronds-points forment les propylées marchandes de celle qui fut la belle Manosque. Et puis voici les groupes d’habitations à loyer modéré qui forment une seconde couronne, Giono imaginait qu’elles s’effondreraient avant vingt ans. Erreur, elles ont proliféré dans le « standing » pour cadres japonais avec l’implantation d’un centre de recherches « Iter » à Cadarache. Après des difficultés giratoires on atteint la bien nommée avenue Jean Giono, laquelle peut mener, si on fait vigilance, à la porte Saunerie, une des entrées de l’ancienne ville fortifiée où les gabelous taxaient le sel. Au sol, quatre mains de bronze, pour rappeler que la ville tiendrait son nom de manus, « la main » en latin.

©M. Lasseur

Le « vieux » Manosque, bourgade bourgeonnante à rues étroites où Giono naquit par hasard, de parents modestes qui n’y avaient pas de racines. Comme Pagnol, Giono aimait les « petites gens », et davantage encore, leur terroir. Le guide Arnaud Poupounot, thuriféraire inconditionnelle du Maître a réponse à toutes les questions, à l’instar de Frédéric Martos, directeur du Centre Giono. Il propose d’aller à la rencontre de l’écrivain sur les itinéraires et les sites qu’il affectionnait. Giono possédait des oliviers « don des grecs » et nous a rapporté son amour de l’arbre et de son entretien. En été, Arnaud emmènera qui voudra dans la forêt de Pélissier, sur ces chemins littéraires où l’exercice profitera autant à la forme physique qu’à l’édification personnelle. www.artisansdelarandonnee.com

Mis en appétit, il est temps de prendre table au « Bistronomique », temple de la gastronomie provençale à 1 étoile michelin, animé par Pierre Grein, le propriétaire.

Ce chef exigeant sur la qualité des produits ajoute un savoir-faire à une inventivité sans pareille, le pari est gagnant et on se régalera du saumon fumé à l’orange et au caviar de yuzu, du risotto aux champignons qu’accompagne le foie gras poêlé, du tournedos façon Rossini et des desserts… Ah, les desserts… glaces sorbets, biscuits meringues, crèmes et autres douceurs. Un conseil : y aller en automne pour apprécier la truffe du Plateau à laquelle Monsieur Giono a souvent rendu les honneurs. Cette truffe qui suscite tant de convoitises et de braconnages en automne dans les chênes verts… www.restaurantpierregrein.fr

©M. Lasseur_Domaine St.Jean

Château Saint-Jean lez Durance

A 6 km de Manosque, par le chemin des Vannades, dans une ferme du 16e siècle rénovée, Jean-Guillaume d’Herbès s’enorgueillit d’être devenu viticulteur sur la terre de ses ancêtres. « Un aïeul avait entrepris de domestiquer la rivière Durance connue pour ses crues ! ».

Le vignoble du Château Saint-Jean-Lez-Durance s’étend sur 33 hectares de vignes en appellation AOP Pierrevert et IGP des Alpes de Haute-Provence.

« Nos vins sont le fruit du terroir unique de la Haute-Provence ». A 500 mètres d’altitude sur les contreforts du Luberon, avec un ensoleillement de près de 320 jours par an. Certification Bio en 2016 (semis d’hiver dans les vignes, respect du calendrier lunaire).

©M. Lasseur_Chateau StJean Lez Durance

Au domaine, on déguste, on explique les subtilités du métier et on peut acheter… www.chateau-saint-jean.fr

Infos pratiques Haute-provence

www.durance-luberon-verdon.com

(Office de tourisme communautaire Durance Luberon Verdon Agglomération) 

www.lesgrandesmarges.com

www.ohmydeuche.com

(Balades en 2 CV dans les vignes, les lavandes, les oliveraies)

www.hotel-villaborghese.com

www.artisansdelarandonnee.com

www.restaurantpierregrein.fr

www.chateau-saint-jean.fr

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